Il y a des mots de maths qui font toujours un petit « aïe » chez les adultes. « Fractions » en fait souvent partie. Rien que d’y penser, on revoit la barre de chiffres, le numérateur, le dénominateur, les remarques en rouge dans la marge… Pas étonnant que, quand notre enfant revient avec un contrôle de fractions à préparer, on se sente un peu mal armé.
Si c’est votre cas, rassurez-vous : vous êtes loin d’être seul·e. Et surtout, la bonne nouvelle, c’est que pour aider votre enfant, vous n’avez pas besoin de redevenir bon en cours de maths. Votre rôle peut être tout autre : redonner du sens à ce chapitre, montrer à quoi il sert et l’ancrer dans la vie de tous les jours. Le « comment on calcule » restera le terrain du professeur et des exercices.
Les fractions, en version simple pour les parents
On peut passer des heures à parler de vocabulaire, mais l’idée clé tient en une phrase : une fraction, c’est une manière de parler d’une partie d’un tout.
Il y a toujours un « tout » au départ : une classe, une heure, un trajet, un gâteau, une somme d’argent, une série de matchs. On imagine qu’il est découpé en parts égales, puis on regarde combien de parts on considère.
Dans une classe de 24 élèves, par exemple, 18 votent pour la sortie cinéma. Dire « 18 élèves sur 24 » donne une information brute. Dire « les trois quarts de la classe » donne immédiatement une idée de proportion. On comprend qu’une grande partie du groupe est d’accord, mais pas tout le monde. La fraction ne rend pas la situation plus compliquée, elle la rend plus lisible.
C’est cette idée-là que votre enfant doit attraper : les fractions ne sont pas une punition inventée par les profs de maths, ce sont des mots chiffrés pour parler de « en partie ».
Vous utilisez déjà des fractions sans le savoir
La bonne nouvelle, c’est que vous avez probablement déjà l’habitude de penser « en fractions », sans jamais écrire 1/2 ou 3/4 sur une feuille.
Quand vous dites « on se retrouve dans un quart d’heure », vous manipulez l’idée de 1/4 d’heure : une heure découpée en quatre parts égales, et on n’en prend qu’une. Quand vous annoncez « on a fait la moitié du trajet », vous parlez en réalité d’une fraction de temps ou de distance. Quand vous félicitez votre enfant parce qu’il a « déjà lu les trois quarts de son livre », vous êtes encore dedans. Et chaque fois qu’on entend à la radio « un tiers des personnes interrogées préfère… », on est en plein chapitre des fractions.
Tout ça, ce sont des occasions en or pour faire le lien avec ce qu’il voit en classe. Sans explication compliquée, juste en glissant parfois une phrase du type : « Tu vois, quand on dit trois quarts du livre, c’est exactement ce que tu vois dans ton cahier avec les fractions. »
Ce que vous pouvez dire à votre enfant
Inutile de faire un « cours de fractions » à la maison. Quelques phrases simples, placées au bon moment, suffisent souvent à débloquer quelque chose.
Vous pouvez, par exemple, résumer la notion avec vos mots : « En fait, une fraction, c’est juste une façon de dire qu’on parle d’une partie de quelque chose : une partie d’un groupe, une partie d’un temps, une partie d’une quantité. » Ou encore : « Quand on dit la moitié, un quart, un tiers, on est déjà en train de faire des fractions, même si on n’écrit pas la barre. »
Vous avez aussi le droit d’être honnête sur votre propre vécu : « À l’école, je n’aimais pas trop les fractions non plus et je ne me souviens pas de toutes les règles. Mais je vois à quoi ça sert dans la vraie vie, et on peut essayer de comprendre ça ensemble. Pour la méthode de calcul, on va s’appuyer sur ton cours et sur les exercices. »
Rien que le fait de montrer que vous n’êtes pas là pour juger, mais pour chercher avec lui, change souvent l’ambiance autour des devoirs.
Quelques gestes simples pour faire le lien avec le réel
Vous n’allez pas transformer chaque repas en séance de maths, et heureusement. Mais de temps en temps, une petite remarque peut faire tilt.
En cuisine, quand il reste un morceau de quiche ou de tarte, vous pouvez dire : « Là, il reste clairement un quart du plat, pas plus. » Sur la route, en regardant une carte ou un GPS : « Tu dirais qu’on a fait plutôt la moitié du chemin ou les trois quarts ? Pourquoi ? » En rangeant une bibliothèque : « Tu as lu cette série aux deux tiers, il te reste encore un tiers à découvrir. »
L’idée n’est pas d’obtenir toujours la bonne réponse. L’important, c’est la discussion qui suit, les gestes qu’on fait pour montrer, le schéma qu’on dessine parfois vite fait pour représenter un tout découpé en parts. Votre enfant comprend peu à peu que les fractions décrivent des situations qu’il voit, qu’il vit, et pas seulement des barres de chiffres alignées sur une ligne d’exercice.
Quand ça bloque vraiment
Il y a des soirs où, malgré tout, votre enfant vous lance un « je suis nul·le en fractions » ou « j’y comprends rien ». C’est là que votre rôle de parent fait une vraie différence.
Vous pouvez d’abord séparer clairement deux choses : comprendre l’idée et appliquer les règles. Dire par exemple : « Les règles, c’est normal que ce soit un peu technique. Ce qui m’intéresse d’abord, c’est que tu voies à peu près ce que ça représente. On va essayer de comprendre la situation, et la méthode de calcul, tu la reverras avec le prof ou dans les exercices. »
Ensuite, rappelez-lui que c’est une notion importante, mais aussi exigeante. On a le droit de trouver ça difficile au début, de se tromper, de recommencer. Les fractions ne sont pas un test de valeur : ce n’est pas parce qu’on peine dessus à 10 ou 12 ans qu’on sera « nul en maths » toute sa vie.
Enfin, n’hésitez pas à partager la charge. Vous pouvez dire : « On regarde ensemble ce que demande la question. Si je ne me souviens plus de la méthode exacte, on va chercher dans ton cours, demander à ton prof ou utiliser des exercices guidés. » Votre présence, même sans formule magique, montre à votre enfant qu’il n’est pas seul face à son cahier.
Et le calcul, on le travaille où ?
Dans cet article, on a volontairement mis de côté les recettes de calcul. On n’a pas détaillé comment additionner deux fractions, comment les comparer ou les simplifier. Ce n’est pas un oubli, c’est un choix.
Le « comment on fait » doit rester le cœur du travail de classe, avec l’enseignant, et des séances d’entraînement sur des supports adaptés. Sur Toupty, ce sont les fiches et les exercices sur les fractions, pensés pour le CM1–CM2 et la 6e–5e, qui prennent le relais.
Votre rôle, à vous, peut se résumer ainsi : aider votre enfant à sentir que les fractions parlent de quelque chose de réel, à donner du sens à ce qu’il voit dans son cahier, et à ne pas se réduire à ses difficultés du moment.
Même si vous avez détesté ça à l’école, vous pouvez devenir un allié précieux : celui ou celle qui rappelle que derrière les barres de chiffres, il y a surtout des histoires de parts, de temps, de groupes et de choix. Et ça, vous savez déjà très bien en parler.

